Thomas Leleu
29 ans


par Florent Wolff - par Arno Köppel



Vu par Arno Köppel
Thomas est connu comme le loup blanc en Alsace, et ceci bien avant sa récente "médiatisation", qui a permis de mieux connaitre ce phénomène:
Si les magazines ne montrent que des photos de lui sans les pieds et affirment qu'il est peu technique, ils n'ont pas tout à fait tort, ils ont absoluement raison!
Thomas est en effet le prototype du grimpeur brouillon, ne distinguant pas la différence entre une marche et un gratton de pied, puisque dans les deux cas il pose le pied à plat. Ses chaussons ne l'aident d'ailleurs pas dans cette entreprise périlleuse (poser le pied) car ce sont de véritables "péniches" ou plutot "porte avions" taille 45 voire plus.
Son style inimitable, tout en tension, tenant chaque prise 3 secondes pour voir si elle tient, restera certainement dans les souvenirs impérissables des locaux de Céüse, davantage habitués à assister à des combats sans saveur, à d'interminables séances de délayage sur manettes ergonomiques.
C'est d'ailleurs dans cette même falaise, mais cette fois au bivouac, que l'on a enfin pu attester que Thomas possédait les plus petits mollets alsaciens, mais aussi les plus gros biceps.
Autre écart: sa technique de pied et sa force sont à peu près incomparables.
Thomas est cependant le moins du monde affligé par ce sévère constat, source de moqueries ravageuses de ses amis:
Il explique objectivement qu'il a commencé l'escalade...par des tractions! Faute de ne pouvoir atteindre un relais dans le sud, Thomas s'est donc ultraspécilalisé dans les couennes et autres voies de force dont l'Alsace possède quelques beaux exemples, ne nécessitant presque pas l'usage des pieds ou comprenant des sections dite "précises" qu'il peut shunter par sa grande taille.

Le bloc Thomas n'y pense que rarement, et cela reste incompréhensible au vu de son physique, bien qu'il est pris plaisir à se contenter du départ assis de la "Femme Noire" ne parvenant pas à la moitié de la voie.
Un de ses grands rêves est néanmoins de se confronter au légendaire passage du "Surplomb de la Mée", qui comporte ses deux prise fétiches:
une inversée et une épaule.
Sur ces deux types de prise il est imbattable, si bien que personne n'essaye plus ses blocs au pan, tant les prises d'épaules sont éloignées, les mouvs abominablement morpho et les inversées extrèmes à remonter.
Outre un culte aveugle voué à Wolfgang Güllich, Thomas se passionne pour les tractions sur poutre, résolument sur réglettes de moins de 6mm.
Cette saine passion l'a malheureusement conduit à se faire surnommer "pouliman" en raison du nombre important de poulies broyées ou mal en point ( c'est à dire toutes!).
Mais le temps où Thomas devait strapper chaque doigt est révolu, et sa faiblesse tendineuse semble s'atténuer avec l'âge, du moins il faut le lui souhaiter.
Souhaitons encore à ce personnage "hors norme" que la motivation pour les voies (blocs?) dures reste au rendez vous longtemps, et aussi de continuer à nous amuser.




Vu par Florent Wolff
Alsacien de pure souche et grimpeur depuis une bonne dizaine d’années, Thomas est avant tout réputé pour sa force et ce qui en découle bien souvent : l’absence quasi totale de technique.
Ainsi, il trouve normal d’avoir fait un ou deux 7a+ à vue alors qu’il possède une poignée de 8b après travail, et pas des plus faciles (il a empoché la 4ème de l’Art -ex 1er 8c d’Alsace- et la troisième d’Idées Noires, entre autres…).
En bon garant de ses racines gréseuses, il voue une haine revendiquée au à-vue, qu’il compense par une idolâtrie aveugle de la poutre.
Ainsi, sur ses dix années de pratique, on compte bien deux ans de convalescence due aux excès de tractions lestées (il n’a guère que son petit orteil du pied droit qui n’a pas vu sa poulie brisée).

Mais, les blessures entraînent toujours chez lui un regain de motivation : l’an dernier, il a même enchaîné un 8a sur un seul pied pour cause de grosse foulure à l’autre.
D’ailleurs, ces performances sur poutre laissent pantois, et sa deuxième place au No Foot Contest 1999 (devant l’actuel champion d’Europe Alex Chabot) n’est pas dû au hasard. En ce moment, il traîne ses " As " au Kronthal où il semble sur le point de passer un nouveau cap…



En photo dans: -"La balle au bond" 8a au Windstein