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© Escalade Alsace
Yann Corby


L’interview des grimpeurs alsaciens
Propos recueillis par David


Aussi souvent que possible, escalade-alsace.com aura le plaisir de vous faire découvrir un grimpeur/une grimpeuse du cru alsacien. A travers quelques questions types, découvrez ou redécouvrez ces personnages que vous avez déjà pu croiser au détour d’une falaise de notre région. Aujourd’hui, c'est le tour de Bastien Minni!



Bastien au Brotsch [Photo : David Hollinger]


Escalade-Alsace : Quel âge as-tu ? Que fais tu dans la vie ?

Bastien Minni : Yep, j'ai 28 ans... Pour répondre honnêtement à «qu'est-ce que je fais dans la vie», je dirais que, dans la mesure du possible, j'essaye de faire ce que je veux. J'ai chaque jour davantage l'impression que la liberté se paye au prix fort, donc c'est parfois plutôt «comme je peux»...
D'un point de vue professionnel (puisque c'est le sens de ta question je pense) je m'apprête à rebosser dans le domaine de la bicyclette, réparation et compagnie, au sein d'un «café vélo» qui ouvrira place d'Austerlitz à Strasbourg. Je ne cherche pas à m'épanouir ou réussir dans un boulot, ce ne sont pas vraiment des valeurs qui me parlent... Donc ça fait quelques années que je fais ce qui me tombe sous la main.

EA : Quelles sont tes passions ?

Bastien Minni : L'escalade bien sur, la musique, la lecture. Cuisiner et manger, j'adore manger! Le bon vin. Boire du café en regardant la pluie tomber, voyager, errer, faire l'amour. Se contenter de peu, passer du temps avec les miens et vivre simplement.

EA : Tu grimpes depuis longtemps ? Souvent ?

Bastien Minni : Je grimpe depuis ma dernière année de fac. C'était fin 2009 je crois.

EA : Comment as tu commencé ?

Bastien Minni : A l'époque je faisais pas mal de VTT et de compétitions. J'étais pas trop mauvais, ça marchait bien, or un beau jour j'ai compris qu'entre être premier ou dernier, il n'y avait aucune différence. C'était juste une lutte d'égo stérile. J'aimais ce sport, mais je me suis dégouté à me convaincre qu'il fallait cette motivation de vouloir écraser les autres pour être le meilleur. Du jour au lendemain j'ai arrêté.
J'étais en STAPS à cette période, et c'est par ce biais que j'ai découvert l'escalade. J'ai débuté avec Simon (Frangin); il fut un temps où je lui mettais des buts... On s'est mis à grimper essentiellement à l'extérieur, c'était ce qui avait le plus de sens à nos yeux. Au bout de deux mois on était à Finale Ligure en plein mois de janvier, à dormir dehors, sous équipés et à manger des pâtes crus dans la bagnole. De bons débuts... Puis les WE au Brotsch à faire du café avec l'eau qui ruisselle du sommet pendant les orages, à dormir dans la grotte, à subir les attaques des drosophiles et à raser dans Voyage (au bout de la suie ndlr.)... Puis est arrivée la découverte des Vosges du nord.
J'ai eu la chance de rapidement rencontrer les bonnes personnes et d'apprendre à leur contact. D'abord ce fut Hervé (Fritz) – mon premier mentor - et Franck (Andolfatto) qui m'ont enseigné les bases du «manouchage» (sic), Cat (Flick) qui m'a appris qu'il fallait «serrer les prises pour les tenir» (re sic) et la feu team ANPE: Alex (Keiling), Johann (Bray), Pierre (Grüner) et bien d'autres. Plus tard j'ai rencontré Thomas (Leleu) et Marc (Ott) avec qui j'ai beaucoup grimpé et grimpe toujours.

EA : Qu’est ce que représente l’escalade pour toi? Qu’est ce qu’ elle te permet dans la vie? Qu’est ce qu’elle te procure ?

Bastien Minni : C'est pour moi un incroyable exutoire, une catharsis. Je serais quelqu'un de bien plus mauvais si je n'avais pas ces instants où rien d'autre n'existe. Juste toi qui exécute ta danse, ta chorégraphie avec le rocher et les éléments.
A mon sens, l'escalade est une sorte de parabole de la vie; tu passes et repasses inlassablement par le même processus. Ce cycle d'apprentissage où tu vas galérer, pleurer, apprendre, réussir, te sentir un instant invincible, pour perdre à nouveau tes moyens, tes repères, devoir tout réapprendre, reprendre confiance. Et tout recommencer encore et encore. L'escalade m'a convaincu de ne jamais baisser les bras. De fait, c'est devenu (un peu malgré moi) quelque chose d'essentiel, justement pour cet équilibre dont je parlais plus haut. Puis certaines rencontres se sont transformées en amitiés, il m'arrive désormais d'aller grimper davantage pour être entre potes qu'autre chose.



Bastien dans Esquisse exquises à Buoux [Photo : Hervé Fritz]


EA : Qu’aimes tu dans l’escalade que tu ne retrouves pas ailleurs ?

Bastien Minni : L'esthétique d'une ligne. Rien ne me motive autant que de lever les yeux vers un belle ligne, évidente, naturelle. Tu arrives face à la falaise et tu ne vois qu'elle. Tu la regardes, elle te regarde. C'est plus fort que tout, cette harmonie m'appelle (j'espère que cette réponse ne sera pas mal interprétée...).
Qui a déjà obeservé Céüse et Face de Rat, Biographie ou La Femme Blanche comprendra de quoi je parle. Ou dans un contexte plus locale : Superlative, Viol à mains armées ou Pfalzer Sanduhrendrama...
Pour l'anecdote la première fois qu'avec Hervé on est allé à Dolni Zleb (République Tchèque), j'ai pleuré. On longeait la falaise et à chaque nouveau mur il y avait d'autant plus de ligne majeures. Je croyais que c'était un rêve et j'avais trop peur de me réveiller...
Enfin, c'est un fantastique prétexte au voyage et à la découverte, pour qui ne vas pas s'enfermer dans un camping d'une destination phare aux grimpeurs occidentaux multiculturelles. Faut pas se leurrer non plus et savoir parfois sortir des sentiers battus...

EA : Et dans l'escalade alsacienne ?

Bastien Minni : C'est clair que là, parler de lignes deviens moins évident. Quoi que. Il y en a aussi. «You don't need eyes to see, you need vision». J'aime le grès alsacien. Plus que tout. Et l'ambiance qui règne sur nos falaises. Surtout en automne, quand les arbres deviennent multicolores, que le vent souffle fort et que les dégaines font des 360...

EA : Quelle(s) falaise(s) fréquentes tu le plus souvent en Alsace? Celle(s) que tu préfères? Pourquoi?

Bastien Minni : C'est plutôt par période. Il y a celles que je ne fréquente jamais (les galets), mais celles que je fréquente le plus, difficile à dire. Ça dépend des projets des copains aussi, ou de la facilité (ou non) de trainer du monde là où il y a des voies qui me motivent. Je suis souvent au Windstein et dans les VDN, ou au Kronthal par défaut.
J'aime beaucoup le Fleck. Il y a tout pour moi: des lignes, des voies historiques, du caillou de qualité et une ambiance tellement reposante (pour qui n'y va pas un dimanche de mai, certes). C'est vraiment un endroit où je me sens bien. Idem au Brotsch mais le style me convient moins. Et après plus ou moins n’importe où dans la Pfalz.

EA : Et ailleurs ?

Bastien Minni : Partout où c'est beau, calme, dans une nature plus ou moins sauvage et qui n'est pas à 3000 kms de chez moi... Le Franken, Céüse, Bleau, Labske Udoli, le Verdon, et plus récemment le Teillon par exemple. Je cite les grands noms, mais j'aime bien aller découvrir de nouveaux endroits, comme l'année dernière au Kosovo, en Macédoine, Bosnie, Albanie...



Bastien dans Eh spit es tu là ? à Teillon [Photo : Marc Ott]


EA : Quelle est(sont) la(les) voie(s) que tu aimes en Alsace ? Pourquoi ?

Bastien Minni : Si tu aimes les arquées et fermer le bras, (c'est mon cas) ce n'est pas ce qui manque... Il y a en a plein (et encore, tu demandes l'Alsace, j'exclue donc la Pfalz...).
Dans le désordre : Boite aux Lettres au Wolffelsen (il y a peu de belle dalle comme ça en Alsace). Ultime Razzia, la Taille et la Gamelle au Kronthal (orgasme sportif), Boul'mich. Quitte ou Double au Rocher Philippe. Folie Meurtrière et Marâtre Nature (gestuelle, caillou béton, ligne), et puis un peu toutes les voies du Langenfels , notamment celles du mur (L'apiculteur, Le kermès héroïque, le petit test...). La Rampe au Brotsch (parce qu'il faut faire 7b pour pouvoir aimer cette voie), Marche à l'Ombre au Windstein, Viol à Mains Armées (tu la vois du parking), les Voleurs (encore des king lines), la Nuit du Chasseur au Wachtfels (prends le mono jette sur le plat), Dark Side of The Moon (le nom en dit long...). Ça va être trop exhaustif. En règle générale les voies de Kraus sont souvent de belles classiques.
Dans l'ensemble, l'équipement et les voies sont de qualité en Alsace. Ce n'est pas assez souvent exprimé, mais chapeau bas à ceux qui oeuvrent et ont oeuvré pour notre plaisir ; ils sont peu et ont fait une besogne sans commune mesure. Peu de gens peuvent se targuer d'un tel travail qui profite au bien de tous (en restant dans le domaine de l'escalade en tout cas). MERCI.

EA : Celle dont l’ascension t’a marqué ? Raconte nous !

Bastien Minni : La première fois que j'ai fait « Viol à mains armées », je grimpais depuis peu, c'était mon dépucelage du Windstein en quelque sorte. Avec Simon on a levé la tête pour voir où était le premier point. Croyant louper quelque chose, on est allé demander à quelqu'un si c'était bien à cette hauteur qu'il était. On était médusé...
Sinon c'est dur à dire, trop d'anecdotes, et je n'ai pas bonne mémoire. Beaucoup de voies enchainées notamment dans des état de sur-récupération brassicole, quand j'étais plus jeune...
Il y a aussi l'anecdote du Temps T où un allemand (dommage mais véridique) refusait de tirer sa corde qui pendait au début de Voyage. Elle se balançait pile devant le bidoigt salvateur, le dernier mouvement dur il me semble. Dans un essai, j'arrive là, dans le mouvement je suis obligé de repousser la corde, du coup j'ai du mal à viser le bi, le loupe et tombe... J'ai cru que Johann allait tuer le mec... Il y avait trop de monde ce jour là, j'ai tiré la corde, on s'est cassé et j'ai fait la voie quelques jours plus tard. C'est redondant mais je garderais peut-être quelques-unes des plus dures ET belles : Marche à l'Ombre, Marâtre... A chaque fois un jour de froid, une falaise déserte et un ami au bout de la corde.
Traces Blanches aussi parce que j'ai vraiment galéré (22 séances putain!).
J'ai fait quelques solos dont je garde un excellent souvenir, c'est idiot, mais c'est vraisemblablement ça mes meilleurs moments...

EA : Quel(s) est(sont) ton(tes) projet(s) en Alsace et ailleurs ?

Bastien Minni : Je n'en ai pas trop en ce moment, mais à y réfléchir j'aimerai bien réessayer Providence au Froensbourg et retourner à Mekka dans la Pfalz, si je trouve des gens motivés pour y aller avec moi. Idées Noires au Windstein aussi, car le taillage « historique » me fait de l'oeil, et parce que, là au moins, je risque pas d'avoir besoin de rési. Et le Théatre du No au Kronthal mais je pense que c'est encore un peu trop dur pour moi, ça risque de me demander pas mal d'acharnement...

EA : Peux-tu nous les décrire ?

Bastien Minni : Les deux premiers sont d'un esthétisme évident. Idées Noires parce que c'est la voie que tous mes idoles ont fait, et le Théâtre car même si c'est au Kronthal et que pas une prise n'est pas sikatée, c'est une gestuelle superbe et une ligne évidente.

EA : Tu t’entraines pour tes projets et pour l’escalade d’une manière générale ?

Bastien Minni : Oh oui... J'ai commencé l'escalade sur le tard et ne suis pas particulièrement doué. La spécificité des voies alsaciennes rend l'entrainement pour moi quasi obligatoire (qui en doute n'a qu'à aller au Gauxberg...).

EA : Des tips d’entrainement à faire partager ?

Bastien Minni : Persévérer et attacher une photo de Güllich au dessus de sa poutre.

EA : T’imposes tu une certaine rigueur pour valider tes ascensions ? (Respectes tu les éliminantes, évites tu les préclippages, les dégaines rallongées … etc ?) Pourquoi ?

Bastien Minni : Le mot rigueur est un peu dur, non ? Je ne m'impose rien. Parfois quand je vois le niveau de certains débats sur le forum je me demande où est l'escalade « libre » là-dedans... !
Par respect, je me plie souvent a contrario à ces spécificités régionales, car ça fait aussi partie de l'histoire de notre pratique. Je préclippe si je considère que ça craint, sinon je grimpe, même si le premier point est à 8 mètres.
Il me semble que chacun est libre de faire ce qu'il veut et de pratiquer à sa manière, du moment qu'on est honnête sur ces petits arrangements avec l'éthique et sur la manière dont l'on enchaine une voie. C'est ça aussi le style non ? L'éthique est quelque chose de très subjectif. Il y a une différence entre mouliner pendant deux mois dans une voie un peu engagée et la faire « au premier », équiper au clipstick ou se sortir les doigts pour aller mettre les paires dans une voie sans tickets de magn' et sans connaître quoi que ce soit.
Après je ne cache pas que quand j'en vois certains avec leurs cannes à pèche qui n'essayent même pas les mouvements alors qu'il n'y aucun risque objectif, je suis parfois à deux doigts du « nervous breakdown ». Ca c'est ce que je pense et je le garde généralement pour moi. Qui suis-je pour faire la morale à quiconque ? C'est ça aussi l'escalade libre, à chacun d'écrire ses propres règles du jeu. Tant que l'on respecte la nature, les autres et le rocher. Le problème arrive avec la performance médiatisée, les sponsors. Mais c'est un autre débat.
Et puis j'ai une vilaine tendance à mettre de bons gros tickets (que je brosse !)



Bastien dans Le roi Merlin au Kronthal [Photo : David Hollinger]


EA : On te sait amateur d’escalade «sauvage». Tu as notamment visité le versant tchèque de l’Elbsandstein. Tu aimes prendre des risques en grimpant ?
Bastien Minni : Comme je dis souvent à ma maman, objectivement, le plus gros risque, c'est souvent de prendre ma bagnole pour aller grimper... Du reste j'aime bien les voies « épicées » car j'apprécie cette dimension mentale que va prendre l'escalade. En réalité je n'ai pas non plus une expérience suffisante dans ce domaine pour m'exprimer pleinement à ce sujet.

EA : Dans une news te concernant sur esclalade-alsace.com, on a pu lire que tu étais parti à Céüse en vélo l’été dernier. Comment t’es venu l’idée ?

Bastien Minni : En pique niquant au bord du Doubs et en regardant les cyclistes passer au bord de l'eau ! C'est quelque chose que j'avais déjà fait par le passé, je venais de quitter un boulot où je m'étais bien fait exploiter, j'avais besoin de liberté, de solitude et de prendre l'air. Puis, sans rentrer dans le délire hippie écolo, il suffit de regarder l'état de la banquise et l'inactivité de nos États pour comprendre que si l'on veut changer les choses, c'est aussi à nous de se bouger.

EA : Pour ceux qui voudraient t’imiter : par où es tu passé ?
Bastien Minni : Mulhouse, piste cyclable jusqu'à Dôle, là j'ai pris un peu la nationale (ouai, tu comprends l'air pur et la liberté...), Bourg en Bresse, Ambérieu en Bugey, Voiron, Grenoble, Col de Lus-la-Croix-Haute, Veynes...
Au retour j'ai fais bien mieux et découvert des endroits magnifiques au fond de la campagne française, dans l'Ain, le Diois ou le Jura.

EA : Tu as pu voyager le long de pistes cyclables majoritairement ?

Bastien Minni : 30% de pistes cyclables je dirais. Comme dit plus haut, entre Mulhouse et Dôle (une merveille) et un peu le long du Rhone et de l'Isère. Je n'avais pas de cartes si ce n'est un mini atlas autoroutier (pratique quand tu voyages à vélo), j'ai pas mal improvisé en chemin et en demandant aux gens dans les villages.

EA : Comment et où as tu dormi sur le chemin ?

Bastien Minni : J'ai dormi comme un bébé. Un bébé chien...
Non plus sérieusement, j'ai fait le manouche, dormi à la belle étoile, au bord de rivières, dans des endroits abandonnés, et planté la tente où je pouvais...

EA : Il y a quelques années, tu avais déjà entrepris un voyage à vélo, mais vers l’Europe de l’Est. Qu’apporte le vélo par rapport à la voiture ?

Bastien Minni : Une monstrueuse sensation de liberté et de contemplation. L'errance y est distillée, sans contraintes écologiques ou financières. Le vélo est un moteur, mais peu à peu c'est le fait de faire du vélo qui devient le moteur ; les paysages défilent à la vitesse parfaite, les rencontres se font et se défont, et mine de rien, on peut si nécessaire se voir franchement avancer sur la carte.

EA : Tu fais de la musique : quel(s) instrument(s) utilises tu ?

Bastien Minni : Aucun. J'utilise des machines sur lesquels je bricole une sorte de lofi hip hop, je sample des vinyles, des sons ambiants, et je retriture tout ça. Je ne vais pas rentrer dans les détails ici, ce serait hors sujet. On appelle ça du beatmaking je crois...

EA : Que recherches tu dans la musique ?

Bastien Minni : A me rassurer en me disant : « ça va, il y a d'autres choses qui me motivent que grimper comme un débile » ! Sérieusement, je crois que j'aime bien cette liberté de produire ce que je veux, à ma façon. De m'amuser. Le résultat est souvent franchement mauvais mais peu importe.



Bastien dans Duroxmanie à Bleau [Photo : Hervé Fritz]


EA : Tu fréquentes le forum d’escalade-alsace.com ? Pour quelles raisons ?

Bastien Minni : Parce qu'il pleut trop en Alsace pour que la falaise se suffise à elle-même... Et parce que j'apprécie ce petit côté « café de l'escalade alsacienne ».

EA : Tu y aimes les sujets discutés ? Pourquoi ?

Bastien Minni : Je ne sais pas si j'y aime forcément les sujets. Je dirais que j'aime davantage écouter les arguments de certains protagonistes face à d'autres... Mais ça manque d'une bière et d'un comptoir, le numérique ronge l'oralité et bien souvent ça devient vite un peu stérile – ou redondant.

EA : Fréquentes tu les salles d’escalade alsaciennes ? Lesquelles ? Qu’est ce que tu y aimes ?

Bastien Minni : Je crois que j'ai à mon palmarès deux entrées à Hueco en 2016 et pareil à BO... J'ai une licence à l'ASCPA depuis peu, c'est le plus proche de chez moi. J'y vais par période. Je suis pas le meilleur ambassadeur du « salaisime », c'est surtout pour me défouler et/ou m'entrainer. « L'escalade en salle est à l'escalade ce que le cheval d'arçons est à l'équitation »

EA : Tu es plutôt top-compétition entre amis ou tu aimes te bagarrer with yourself ?... Ou les deux ?

Bastien Minni : Si je vais en salle c'est généralement pour me faire rouster par les potes, ou alors pour m'entrainer comme un débile. Mais bon, vu que cette interview est vraisemblablement la première et la dernière de ma vie, je ne résiste pas à l'envie de répondre : «  quand je grimpe avec des amis, on se motive mutuellement. Il arrive même que l'on fasse des top compétitions ». Ouaouh, la grande classe...

EA : Un rêve d’escalade que tu voudrais réaliser ? (Une ascension, une cotation, un voyage… ? ) Et un rêve tout court ?

Bastien Minni : J'ai du mal avec cette question. Je pourrais tout aussi bien répondre faire « Just do it» à Smith Rock que dire que j'aimerai voir un monde où les gens vivraient en harmonie entre eux et avec la nature, mangeraient à leur faim et se respecteraient... C'est un rêve mais peu probable que l'un ou l'autre se produisent... Peut-être simplement pouvoir un jour me payer un lopin de terre, mettre une cabane dessus, avoir un potager, une source, un noyer, des arbres fruitiers et du beau caillou à l'horizon (pas sur que ça arrive non plus).

EA : Enfin, à quelle star de l’escalade pourrais tu demander honteusement un autographe ?

Bastien Minni : Au « grand Pierre Bollinger » ? aha.
Je ne me sens pas vraiment groupie mais puisque cela doit être honteusement je dirais...hmmh...difficile. Il y a bien cette magnifique grimpeuse finlandaise, mais franchement, pour lui demander quoi tu dis, un autographe ? aha (bis).
Sinon je ferai bien dédicacer mon bouquin de photos de l'Elb par Bernd Arnold, même s'il est clairement moins sexy.


Merci Bastien pour cette belle vision de l'escalade et de la vie que tu nous propose. On te souhaite de pouvoir continuer à vivre de cette façon, pour toujours ?...






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