On me demande la raison de mon silence.
En effet, depuis quelques mois, je suis resté
dans l’ombre.
Ce qu’il faut bien comprendre c’est que j’écris
ces chroniques depuis quelques années déjà. Je grimpe depuis ce qui me semble
une éternité et je suis impliqué jusqu’au cou dans le milieu, pour le meilleur
et pour le pire.
Or un chroniqueur se doit de prendre du recul.
Il se doit de réévaluer sa pertinence.
Car quoiqu’on en dise, les chroniques
intéressantes se doivent d’être un juste équilibre entre ouvrir son intérieur à
tous et chacun mais aussi de pointer un doigt amusé vers les petits travers de
ce beau monde vertical.
Et surtout le chroniqueur ne doit jamais se
soucier de ses lecteurs potentiels sinon il sera à la merci des quelques grandes
gueules qui, un peu partout, prouvent le pouvoir du coté obscur de la Force.
La pertinence…
Après une longue réflexion… et bien tant qu’il
y aura des dérives et que je saurai m’en amuser et amuser mes lecteurs tout en
les faisant réfléchir, je serai pertinent.
Le ridicule se porte plutôt bien : en
fait, il ne semble pas tuer. Je continue donc à écraser l’infâme!
Est-ce à dire que j’ai toujours raison?
Heureusement je suis assez modeste pour reconnaître mes limites qui ne sont que
les limites du bon sens. Ce qui dépasse mes limites dépasse donc les limites du
bon sens. Je considère donc qu’à l’intérieur de ce périmètre, j’ai raison et
qui m’aime me suive!
Un chroniqueur, c’est comme le bon vin :
il s’améliore avec le temps. Il gagne en profondeur, en nuance. Une touche de
petits fruits sur un fond d’acidité provenant du terroir.
S’il doit charcuter, il utilise un scalpel
alors qu’à ses débuts il maniait le fauchon.
Tiens, parlant de vin…
Je reviens d’une fin de semaine dans le Maine.
Au bord de la mer. Le Maine de nos voisins américains.
Après une session de surf avec le Bizarre -
quatre heures dans l’Atlantique en octobre - , je stoppe dans un petit
restaurant pour déguster un ’’clam showder’’ brûlant. Un délice!
Or ce magasin général vend aussi du vin…
Je m’approche du présentoir, toujours intéressé
par les travaux de Bacchus.
Direct dans ma face : le blanc ’’ Blue Suede
Chardonnay’’ avec une photo d’Elvis et le rouge ’’Norma Jeane, a young
merlot’’. Vous savez tous que Norma Jeane était le nom de Marilyn Monroe … son
étiquette ne laisse aucun doute.
Je m’empresse d’acheter les deux bouteilles et
elles trônent maintenant sur mon comptoir, attendant la dégustation de la fin
de semaine.
D’après vous, ce sera un vin digne d’un
chroniqueur ou bien celui du courrier des lecteurs ou, pire, un vin à forum?
Donnez-moi une semaine!
Je ne veux pas vous retenir plus longtemps.
Sinon pour vous dire que j’adore le battage médiatique autour de la compétition
de Bercy. Encore plus, je ne peux qu’admirer monsieur You, le président de la FFME, qui mise le futur de l’escalade et sa représentation dans la
prestation des grimpeurs qui se présenteront à Bercy.
Je n’ai rien contre la compétition. Loin de là!
Je n’ai rien contre les Olympiques qui
pourraient nous attirer quelques argents venant de sponsors, argent qui
percolerait sans doute vers la base peuplée de grimpeurs lambda.
D’ailleurs les Olympiques nous présentent des
sports populaires comme la marche olympique, le pentathlon, et quoi d’autres!
Je ne peux être contre la vertu.
Si je me souviens bien, il y eut un autre
Bercy… il y a terriblement longtemps.
Dans un espace-temps où l’escalade était
beaucoup plus médiatisée qu’elle ne l’est maintenant. Un Bercy où les
compétiteurs étaient des stars qu’on apercevait sur des affiches publicitaires
dans les rues. Un Bercy dont on croyait qu’il allait enfin élever l’escalade
moderne au même niveau que certains sports dont on lit les résultats dans le
journal du dimanche.
Qu’est-il arrivé à ce Bercy là?
Que sont nos stars devenues?
Sont-elles à vider un ’’Blue Suede Chardonnay’’
derrière une structure artificielle, quelque part en province?
Où sont les gros titres à la une promis?
Les retombées et les investissements?
Qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la
revivre.
Ce n’est pas moi qui l’ai dit…
Je vais aller cirer ma planche de surf. Et
m’ouvrir un Pinot Grigio.
La cire a l’odeur de l’été, cet été qu’on n’a
jamais eu.
C’est la rentrée au gym. Les soirées à humer le
chausson.
Je me suis promis qu’une fin de semaine par
mois, cet hiver, j’irais surfer dans l’Atlantique. Humer la cire parfumée qui
me permet de croire à un autre été.
Bercy beaucoup, monsieur Zog, inventeur de la Sex Wax!