Me
promenant beaucoup en France, en Suisse, en Allemagne et en Italie ces derniers
temps – quand vous lirez cette chronique je serai à Milan – j’ai pu visiter
plusieurs falaises hors de la Douce France.
Pour
y arriver, j’ai fait des milliers de kilomètres, brûlant allégrement nos
précieuses ressources pétrolières et laissant derrière moi un nuage de monoxyde
de carbone grand comme le Groenland. Je dois avoir sur la conscience la mort de
plusieurs ours polaires noyés parce qu’il n’y a plus assez de glace pour les
supporter. Pour tout dire, à mon dernier hôtel, il n’y avait même plus de
glaçons dans les verres.
Ne
vous inquiétez pas : je dors quand même très bien sachant que ma famille
mange à tous les repas et qu’elle a accès aux soins médicaux appropriés. De
toute façon, conduire une auto sur de longues distances permet l’introspection
et aiguise les réflexes. J’en ressorts donc grandi même si c’est au prix d’un
derrière élargi pour cause de manque d’exercice.
Parlons
du rayonnement de la France…
En
ce 14 juillet, c’est un sujet qui en vaut un autre.
Oui,
il y a les croissants qui se vendent bien et les baguettes ont la cote, même au
Japon.
Effectivement,
le pâté de foie et le confit de canard s’exportent magnifiquement surtout
depuis que ce sont les porcs qui causent les pandémies.
Les
parfums permettent à plusieurs habitants du Sud de faire la
Grasse matinée depuis qu’on trouve des hectolitres de fragrances
françaises dans les bazars des pays du Golfe.
Les
petits tailleurs noirs – ou rouges – des couturiers de l’Hexagone mettent en
valeur les courbes des femmes de tous pays. Enfin, celles qui peuvent en fermer
le zipper et encore respirer.
Le
matériel d’escalade fait en France – enfin, ’’Designed in France and Made in
China/Vietnam/ Laos/…`` - se vend partout et fait la joie des grands et petits.
Jusqu’à
la politique qui est divertissante en France et les frasques verbales des
politiciens font la Une des quotidiens du Monde.
Roulant
à 140 à l’heure, j’avais tout le temps de regarder les plaques des autos qui me
dépassaient. Encore plus, j’ai scruté tous les stationnements des sites
d’escalade à la recherche de cet oiseau rare : le véhicule immatriculé en
France et transportant une chaudronnée de grimpeurs hexagonaux.
Que
nenni !
Rien
sinon des Suisses, des Allemands, des Autrichiens et ce qui semblait être un
véhicule de la République Tchèque (il émettait un nuage
noir d’enfer) . Un Anglais aussi, perdu en Italie, sans doute parce qu’il avait
pris le mauvais ferry, voulant aller en Irlande.
Regardez
… J’ai passé pas mal de temps à Lecco … il y a du rocher là pour une vie de
cent équipeurs et des voies tant sportives qu’alpines . C’est le domaine des
Ragni de Lecco, un club qui a fait ses preuves depuis des décennies. On ne voit
que de la pierre à perte de vue.
Pas
de Français … pas de grimpeurs français, pas de touristes français non plus. Dans
une boutique, on me disait n’en voir qu’exceptionnellement.
Même
son de cloche du coté de la Ligurie : Finale Ligure voit
des touristes mais les sites de Gênes à Florence ne voient que des Italiens ,
des Allemands , des … bref , vous voyez le tableau . Or ce petit bout de terre
possède des milliers de voies équipées et des milliers de plus qui attendent un
point.
Je
vous vois venir : vous allez me dire que les Italiens ne voyagent pas non
plus !!!
Mais
on parle ici du rayonnement français … pas du rayonnement italien ! Les
Italiens ont bien assez de problèmes avec le rayonnement de leur président qui
est un individu, ma foi, assez distrayant … j’attends encore qu’il m’invite à
une de ses soirées …
Donc
les Français ont rayonné de par l’Europe sous la gouverne de Napoléon , né
Buonaparte . Ce fut en effet un bon aparté mais depuis ce temps béni et surtout
dans le monde vertical rocheux de petite amplitude ( l’escalade sportive…) , il
semble que le road trip ne soit l’apanage que de quelques têtes d’affiche .
Pourquoi?
Parce
que les plus belles falaises sont françaises ?
Ne
soyons pas chauvins …
On
m’a déjà répondu que les fils de France ne parlaient pas de langues étrangères
, se contentant de la langue de Molière , et qu’ils craignaient les échanges
verbaux .
On
m’a même dit un jour que les grimpeurs français étaient tout simplement radins
et que les horizons lointains coûtaient trop cher pour leurs bourses .
Je
n’ai pas d’explications et je désire lancer la discussion.
Si
les voyages forment la jeunesse et si la variété est un gage de facilité dans
le futur, pourquoi les grimpeurs hexagonaux n’élargissent-ils pas leur champs
d’action même au prix de quelques euros
de plus par jour.
D’accord :
il faut dire les ’’grimpeurs de l’Hexagone’’ mais c’est terriblement plus drôle
d’être hexagonal. Pas mal mieux que d’être décimal ou végétal.
Le
mieux étant un hexagonal vertical …
Alors,
qui ne dira pourquoi cette absence monumentale ?
JPB