Je
ne vous conterai pas d’histoires : la vie sexuelle des cucurbitacées est
d’une monotonie!
Il
ne se passe rien ou si peu… une saison entière à végéter en attendant de monter
en graines.
Pour
plus d’action, je suggère l’étude des gastéropodes qui peuvent avoir un sexe ou
l’autre ou les deux ou pas du tout.
Les
cucurbitacées se vautrent dans les jardins en exhibant une silhouette
provocante mais ce n’est que de la frime. Ils sont froids, insipides et n’apportent
qu’un minimum de vitamines essentielles tellement ils sont gorgés d’eau. Et je
ne mentionne même pas le niveau pitoyable de leur conversation…
Les
cucurbitacées feraient d’excellents politiciens s’ils avaient le don de la
parole, vous ne croyez pas?
Tout
est donc dans l’image!
Regardez
le président américain.
Tous
les Européens à qui je parlais durant la campagne électorale U.S. attendaient
des miracles en très peu de temps.
Je
leur disais que c’était un politicien sans expérience du monde mais, comme il
était aux antipodes de son prédécesseur, tout le monde voyait en lui Le
Sauveur.
Je
suis un athée militant… je en crois pas aux sauveurs… et pas plus aux
politiciens.
On
ne se rend pas aux portes de la Maison Blanche sans avoir l’approbation
des pontes de l’un des deux grands partis. Et jamais sans avoir prouvé une
fidélité indéfectible au Credo de ces partis politiques.
Vous
attendez encore les miracles, hein?
Les
politiciens… l’image… l’argent…
Quand
je lis que Marco Scolaris a donné des chaussons d’escalade aux entourloupetteurs
du CIO pour promouvoir l’entrée de l’escalade dans la grande famille olympique,
je me dis qu’il faut alors tenter de répondre à l’interrogation d’une maxime
latine bien connue.
QUI
PRODEST???
Qui
en bénéficie? Who gains? Qui va empocher? Où est l’entourloupe?
On
va me dire – comme ce fut le cas lors de ma chronique précédente – que je suis
un vieux gros con…
J’accepte
le ’’vieux’’ et le ’’con’’ mais certainement pas le ’’gros’’!
Donc
ça va faire avancer quoi, toute cette affaire?
Les
fédérations vont pouvoir demander plus d’argent au gouvernement, l’escalade
étant désormais un cas de raison d’État.
Les
athlètes vont demander plus d’argent à leurs sponsors car ils vont représenter
la patrie aux Jeux.
Les
manufacturiers vont désormais demander plus cher pour un équipement ayant
l’aval du Comité Olympique tout en cherchant à faire fabriquer à moindre coût.
Certains
designers de mode vont se lâcher lousse
pour créer des *uniformes* dignes de nos athlètes que chacun pourra ensuite
acheter au magasin grande surface du coin. Uniformes fait en Asie à 100% ,
comme c’est le cas pour ceux des athlètes du Team Canada, une honte nationale!
Au
mieux, un minimum d’argent percolera vers les falaises. Au mieux, tous les
jeunes attirés par la compétition resteront sagement dans les salles et ne
viendront pas en falaise. Au mieux on pourra cacher assez longtemps les malversations
des juges lors de compétitions – vous vous souvenez des cas en gymnastique, en
patinage artistique et en plongeon. Au mieux, le président du CIO ne sera pas à
la solde des services secrets d’une nation étrangère belliqueuse. Au mieux on
en connaîtra jamais les sommes versées aux délégués internationaux pour
influencer leurs votes lors du choix des lieux de compétition.
Les
chaussons donnés par Marco Scolaris semblent s’attacher avec du velcro. Le
velcro, dans sa partie crochets, s’attache à tout ce qui est effiloché. J’aurais
préféré, pour cet exercice, de bons vieux lacets. Ils restent propres plus
longtemps…
Je
n’en dirai pas plus sur cette triste affaire. Je suis pour les Olympiques dans
la mesure où les Jeux se déroulent à Olympie aux quatre ans et qu’on restreigne
considérablement le nombre de sports présentés. Plusieurs sports internationaux
ne sont pas olympiques et vivent très bien grâce de leur dynamisme intrinsèque.
On y brasse même plus d’argent que dans le monde de la montagne!
Le
CIO porte maintenant des chaussons. Ils peuvent maintenant se diriger vers
d’autres sommets.
Qui
prodest?
Une
nouveauté chez les libraires : ’’Sur les Falaises de Grès’’, le topo
exhaustif des Vosges du Nord.
Un
des plus beaux topos sur le marché, une perle d’érudition, des photos
incroyables, un style digne des grandes maisons d’édition.
Oui,
le livre a été écrit par des amis mais je défie quiconque de trouver un topo
possédant ce niveau de langage. Où, ailleurs, relever une phrase telle que
celle-ci :
’’Si
la piste d’Olympie fut tracée à la mesure du pied d’Héraclès, les voies dures
de la carrière de Dossenheim le furent souvent à celle des phalanges de Pierre
Bollinger, le demi-dieu de l’escalade régionale.’’
Achetez!
Achetez!! Une œuvre d’art déguisée en topo d’escalade.
Puis
allez visiter les falaises des Vosges.
Ce
lancement me fait regretter le niveau zéro de l’écriture en montagne et
escalade.
Nous
sommes tombés bien bas et si j’applaudis la plume de Simpson en anglais, je ne
peux que chercher vainement le prochain ’’Annapurna, premier 8000’’. Le
prochain ’’Les Conquérants de l’Inutile’’. Vous savez, ces livres qui nous ont
fait rêver…
Il
est probable que la littérature de montagne soit disparue en même temps que
l’Aventure … on ne découvre plus ni sommets ni déserts, on ne foule plus
l’inexploré. Est-ce que l’aventure est ce 9b+ trois mètres à coté du dernier
9a+ ayant été enchaîné sur une falaise à la mode? Je ne le crois pas… Il faut
se résigner : la dernière exploration sera celle de l’Espace et la
technologie y étouffera tout héroïsme.
Toutes
ces caméras qui nous observent sans répit, tous ces règlements, toutes ces
interdictions, cette tiédeur dans notre vie, ce nouveau principe de précaution
étouffant notre élan vital.
Quelques
millions d’années et les cucurbitacées nous supplanteront dans cette lutte pour
la survie qu’est l’évolution.
Ils
vont finir par grimper hors des murs du potager et se lancer à la conquête de
la planète!
Pour
eux, ce sera une nouvelle Aventure!
JPB