Le comité nutritionnel du club Roc Extrême (Nicolas Meyer, auteur de la bible " Bière et escalade ", et moi-même) s'est aperçu, il y a peu, qu'il se penchait un peu trop sur les aspects de la réhydratation.
Sans renier l'importance cruciale de ce vaste problème, avouons que les grandes lignes ont été tracées et qu'une grande majorité des grimpeurs zals font maintenant bon usage de ce célèbre breuvage : la bière.
J'annonce par ailleurs qu'un article sur le vin et les alcools forts est d'ores et déjà en préparation.
Mais, le comité manquait d'avis quant à la nourriture, élément pourtant indissociable de la réhydratation. Il s'agit ici de réparer cette flagrante lacune.
1.La quantité
D'évidence, une remarque s'impose, s'il est autorisé de dépasser les bornes en matière de liquide (l'outrance brassicole a quelques fois de jouissives conséquences…), il s'agit d'être plus affûté
et de faire preuve de plus de rigueur avec la nourriture.
Boire trop peut vous fournir une folle témérité dans les voies exposées en décuplant les aptitudes de votre palpitant, d'ordinaire bien plus couard.
Alors que manger trop n'aura aucun de ces effets aussi désirés que désirables, pis, cela pourra même vous empêcher de boire trop.
D'où le risque certain : celui d'une suralimentation qui serait incompatible avec une hydratation correcte.
Bâfrer, démarche certaines fois des plus réjouissantes, doit rester une activité autonome qu'il est difficile d'associer à un usage zélé de nos méthodes hydratantes.
Au cours des nombreuses et savantes expérimentations menées par le comité, il est apparu évident que les capacités d'ingurgitation, impératives pour une bonne hydratation, furent diminuées losqu'un repas orgiaque précédait.
Car la nourriture contient beaucoup d'eau et le péril hydrique pointe (la maladie dite de l'hydrémie, soit un excès d'eau dans le sang), d'ailleurs si l'on parle de coliques d'eau, très douloureuses au demeurant, jamais je n'ai entendu parler de coliques de bières.
La conclusion de l'étude fut donc : boire ou manger, il faut choisir.
Cela dit, il ne faut pas tomber dans les excès inverses, en particulier le terrible jeûne, ou syndrome de Brown.
En effet, une jeune grimpeuse du nouveau continent, qui préfére conserver son anonymat plutôt que sa dignité, ne s'est quasiment plus alimentée,
sans doute parce qu'elle accusait une belle attirance à la boisson (apparemment une bière américaine répondant au doux nom de Maxi Protéin'3000).
On dénombre deux risques à cette pratique exagérée de l'ascétisme et la sveltesse :
- Primo, le surplus de continuité. Car cette personne,
retrouvant un poids embryonnaire, détient maintenant le pire des maux : la continuité. Certains perdent leurs orteils, d'autres, leurs acides lactiques, ce qui est évidemment bien plus grave. Car, ne plus dauber, c'est devenir bon à vue, ainsi, horreur et damnation, elle est même venue à bout de nombreux 8b de cette inhumaine façon. Ne pas manger vous rend donc performant à vue, ce qui n'est évidemment pas le but recherché.
- Secundo, l'absence de continuité.
Être continu dans les bras, c'est forcément ne pas l'être dans l'estomac. Ne plus devenir hydratable filière " Größe Kantité "
représente, avec les ruptures de poulies, le comble du pire pour un grimpeur. Les premiers symptômes sont clairs :
peu d'appétit (une clémentine vous rassasie), absence de résistance brassicole (vous courrez après les canards avec un petit 1.0), sensation de soûlerie et de
suffisance après un pauvre verre, et surtout vous ne daubez plus, et vos bras sont comme condamnés à la mollesse éternelle. Si vous reconnaissez dans un de ces cas, il n'est peut-être pas trop tard, consultez notre comité au plus vite.
Nos conseils et nos stages (Buoux, Douze Apôtres, Bärenbrunnerhof, Deux Châteaux) vous permettront sûrement de retrouver daubage précoce et ivresse tardive.
2.La qualité
Si la quantité joue un rôle prépondérant, il ne faut pas pour autant négliger la qualité, ce dont on m'a souvent accusé, à tort. L'éminent professeur Meyer
a d'ores et déjà énoncé une charte de qualité pour les beuveries, pardon, les breuvages. C'est bien sûr l'A.P.B. (Amour Pour la Bière).
La tache m'incombe d'en formuler une pour la nourriture : l'A.P.B. (Arrêté de Protection de la Bouffe). Primo, on a vu l'importance d'un régime compatible avec une ingurgitation liquidienne massive. La première règle à observer étant celle, dite du " Lipid'liquide ".
Les Russes, amateurs connus de Vodka, nous ont enseigné qu'il était bon de tapisser d'un tissu adipeux notre œsophage afin de pouvoir avaler plus d'alcool sans qu'il aille directement dans le sang et donc de retarder l'effet d'ivresse. Pour ce faire, mâcher puis avaler 125gr de beurre, ou 33cl d'huile (Tournesol mettra bientôt des canettes sur le marché, bien pratique pour emmener en falaise…). Notons également, qu'à l'approche d'un hiver rigoureux, cette pratique est doublement efficace. Ainsi, le célèbre Walter Bonatti, amateur de faces nord et fervent usager de ce régime hyper lipidique, ignorait l'onglée même à des températures de -10°.
C'est mathématique, la graisse donne chaud, et en manger vous permettra de taper des essais tous l'hiver plutôt que de vous enfermer dans votre triste alcôve de résine. Précisons enfin qu'il est possible de substituer 125gr beurre par 250gr de Bonne Vache, fromage subtil aux saveurs inédites. Ou encore du lait de salmonellose fera très bien l'affaire. Secundo, même si la part belle est faîte aux graisses, il ne faut pas négliger les sucres. Outre les inévitables pâtes (250gr par personne, 1 minute dans un litron de vin froid pour cuisson express et mâchoire extra forte ou 25 minutes dans une fournaise moyenâgeuse pour les édentés), on insistera d'avantage sur les sucres rapides, la présence de graisse animale et d'organismes génétiquement modifiés étant évidemment un plus indiscutable. Les " Rollen " (Prince ou BN premier prix) répondent parfaitement à ces indications. Le paquet familial de 500gr est à peu près suffisant pour une journée en falaise et prendre une bonne rasade de ces savoureuses friandises est largement recommandé avant de taper un essai (digestion et influx ne font qu'un, c'est bien connu). Pour les nobles, on peut substituer le Rollen par un éclair " tout choco ". Enfin, avaler une douzaine de sucettes pimentées et pointues constitue un plus appréciable pour se réchauffer avant la perf'.
Tertio
Les protides sont généralement considérés comme les garants de la bonne santé du muscle. Même si je crois d'avantage à l'efficacité d'une bonne séance de Campus Board, les protéines peuvent jouer un rôle non négligeable. Le bœuf anglais et la viande dite de Kreutzfeld Jacob semblent particulièrement appréciés ces derniers temps. La chaire de rapaces, que l'on en trouve en grand nombre dans nos régions, vous donnera certainement des ailes (rien ne vaut une petite fricassée de faucons). Alors que le cas Obélix démontre le surplus de force que vous donnera un cuissot de marcassin normand (on en trouve néanmoins dans Les Malheurs de Sophie, 6c du Kronthal). Si vous n'avez pas accès aux mets luxueux précités, le cannibalisme de camaraderie reste une alternative chaleureuse et conviviale. Je sens que la salive vous vient, allez donc chercher poulardes et faisandes, préparer vos salmigondis de salamandres, et puisse ce régime aussi orgiaque qu'insalubre vous pousser vers la plus folle gastronomie des franches lippées ! !