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© Escalade Alsace
Yann Corby
Claire Bresciani

» 1er 8a le 10 février 2008, Orange Amer au Kronthal


Claire Bresciani [photo: Peggy Killian]


Portrait humoristique, par Thomas Hulf

Claire est un pur produit de la célèbre école mulhousienne, du temps où un certain HS en était le gourou. Pour mémoire, Julien Panigot, Paul Gregori, ou Thomas Hulf ont été formés à la même école. Claire a appris à persévérer dans ce milieu masculin et hostile, autant par la finesse des blagues racontées par les anciens que par les moqueries et les allusions machistes ou encore par l'odeur des incontournables concours de relâchement sphinctérien. Puis, elle a rencontré un grimpeur qu'elle a du suivre et assurer par vent et tempête. Quand Thomas perdait les compagnons les uns après les autres après une sortie trop froide ou trop humide, Claire, non sans râler, l'a toujours accompagné. Ce rude apprentissage aura porté ses fruits. Florent et bébé auront beau dire, Claire fait aujourd'hui parti des octogradistes, qui de surcroît, n'ont pas renié leur école. En effet, elle n'a pas pour habitude d'enchaîner les voies à moitié en moulinette ! (Heu…, pardon, en acquérant les points…)

Un grand bravo à elle ! Le plus impressionnant, pour ceux qui connaissent cette éternelle peureuse, c'est son enchaînement en sautant une dégaine et sans que son assureur attitré soit au bout de la corde! Elle s'excuse d'ailleurs, auprès de tous ceux qui un jour se sont fait envoyer sur les roses en lui proposant de l'assurer.

Le revers de la médaille, maintenant qu'elle est récemment célibataire et octogradiste, autant pour elle que pour les éventuels prétendants, c'est qu'elle exige entre autre de l'élu qu'il soit capable de monter les cordes n'importe où; ça risque de devenir de plus en plus difficile à l'avenir… Alors bon courage, entraînez-vous, et surtout partagez son bonheur en lisant ces quelques lignes; elles n'ont aucune autre prétention.


Claire, La conque à doigts 6a+ au Loewenstein [photo: Peggy Killian]


Interview de Claire
par Peggy Killian

Raconte nous en quelques mots ton enchaînement d'Orange Amer et livre nous tes impressions à chaud.
L'enchaînement s'est très bien passé. J'ai fait la voie à la fin de mon échauffement, j'ai eu l'impression de voler sur les prises alors que trois jours avant je rasais complètement.

Tu semblais très motivée par cette voie, pourquoi l'avoir choisie comme premier 8a ?
Orange Amer est le premier 8a de pas mal de monde, on me l'a conseillé car il est relativement accessible. Il a également connu des réalisations féminines qui me laissaient penser que je ne devais pas rencontrer de problèmes majeurs en taille ou en force.

As-tu de suite pensé lors de la première montée que l'enchaînement était possible ?
Lors de la première montée, j'ai pensé que c'était un projet à long terme, sur au moins 5 ans… Tous les mouvements étaient durs, je n'arrivais pas à arquer la boîte aux lettres, je ne faisais aucun mouvement, même pas le début qui est pourtant une marche d'approche.

As-tu suivi un entraînement spécifique pour cette voie ?
Vu mon niveau en force (je suis une brêle sur pan Güllich), Loïc Fossard m'a concocté un programme sur mesure: j'ai fait entre autre un mois de tractions. Sinon, le reste de mon entraînement a été acquis dans la voie, en la travaillant.

Pour qui te connaît bien, sauter une dégaine est de l'ordre du surhumain, comment as-tu géré le passage où tu sautes un point ?
Je ne suis jamais tombée au-dessus de la dégaine non clippée, et puis le jour de l'enchaînement je n'ai pas du tout pensé au vol. J'étais également en confiance car c'est Clairette (Claire Niederlender) qui m'assurait.

Quand et comment t'es tu mise à grimper?
Mes parents possèdent une maison à Arco, je cherchais un sport de montagne et j'ai donc vite été bottée par l'escalade. Je me suis inscrite au CAF Mulhouse où l'ambiance qui régnait entre notamment Julien, Thomas, Paul, Josquin et Serge le super-coach m'a motivée et crée une bonne émulation.

Tu fais désormais partie des quelques rares grimpeuses ayant enchaîné 8a en Alsace. Comment expliques-tu le peu de réalisations féminines à ce niveau dans notre région?
Les grimpeuses dans la région ne sont pas très nombreuses, et puis je trouve que le grès est un rocher très exigeant avec peu d'intermédiaires. Il est plutôt typé force et c'est difficile de trouver des voies accessibles aux filles. Mais aujourd'hui, avec la création de l'équipe féminine d'entraînement de Roc en Stock, le niveau monte.

Selon toi, quel a été le déclencheur te permettant de franchir le cap du huitième degré?
Thomas Hulf

Ces dernières années, tu sembles t'être investie aussi bien en falaise qu'en compétition. Quelle est la place que tu accordes à l'escalade en salle par rapport à ta pratique en extérieur?
La salle est pour moi uniquement un lieu d'entraînement. J'y vais car je manque de temps pour les sorties falaises en semaine. La salle est un bon substitut où l'on peut faire du quantitatif et travailler.

On peut dire que tu as roulé ta bosse au pied de bon nombre de falaises de France et d'ailleurs.
La découverte te paraît elle indispensable à ton épanouissement et ta progression en escalade ?
Ça c'est sûr, les voyages sont toujours enrichissants. On apprend à grimper sur d'autres types de rocher, sur d'autres profils de voie et dans de nouveaux cadres ressourçants. Cela permet de rencontrer des locaux mais également de faire de la publicité pour nos falaises alsaciennes.


Claire, Seynes d'amour 7a, Seynes [photo: Peggy Killian]


Es-tu motivée par les lignes ou par les cotations?
A l'époque j'étais motivée par les cotations, mais aujourd'hui je le suis plutôt par les lignes. Je recherche de belles lignes pour le plaisir, et je choisis souvent les lignes les plus protégées.

Lorsque tu arrives au pied d'une falaise que tu ne connais pas, peux-tu nous donner ta recette d'une bonne journée de croix ?
Je suis Thomas (Hulf) à la trace qui choisit toujours les belles lignes.

Quel intérêt portes tu aux autres grimpeuses de ton entourage?
Plus précisément, ressens-tu un besoin de compétition pour te permettre de te dépasser toi-même en falaise ?

Grimper avec d'autres filles crée une véritable émulation. En compétition, la seule chose qui m'anime est d'être la meilleure et de faire mieux que les autres compétitrices, mais en falaise je ne vois pas les filles comme des concurrentes. J'agis plutôt par mimétisme en voulant faire au moins aussi bien. Quand une fille grimpe en tête dans une voie sans avoir peur, ça me stimule et me motive à faire la même chose. Sans l'avoir vu, je n'aurais pas eu suffisamment confiance pour me lancer dans la voie.

Tu avoues savourer d'être de temps à autre en cordée exclusivement féminine. Le monde de l'escalade te semble t il un poil macho ?
C'est important de montrer aux garçons que nous les filles on sait aussi grimper, et puis les cordées exclusivement féminines sont rares. Ça fait du bien à l'égo de montrer que l'on sait aussi grimper sans eux. Ce n'est pourtant pas la solution de facilité, les filles partantes et disponibles sont rares.

Tu t'es forgée à force de salive la solide réputation de pipelette des falaises.
Rassures nous, maintenant que tu viens d'entrer dans la secte des octogradistes: tu ne changes en rien?

Je papoterai toujours autant au pied des voies à parler méthodes et distance entre les points. Ceux qui ne sont pas contents peuvent toujours rentrer chez eux.

Quels sont tes autres projets et envies pour l'année 2008?
Je veux déjà me faire plaisir, voyager et rattraper mon quota de voies. J'aimerai bien aussi regrimper sur calcaire et puis évidemment retrouver une belle ligne qui va me motiver. A ce sujet, j'ai déjà mes petites idées.
Et pourquoi pas enchaîner un autre 8a pour montrer que ce n'était pas un coup de chance. Attention les gars, les filles alsaciennes progressent…


Merci à Peggy et à Claire








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