Il y a quelques années, bien assis au fond de
mon désert glacé, j’étais convaincu de la nécessité de l’escalade en salle.
J’étais persuadé que l’escalade en salle allait être le moteur de l’escalade en
falaise et pouvait accélérer le développement de la Grimpe.
Grimper sur résine ne pouvait que participer
positivement à la valorisation de notre activité : protégés des
intempéries, les novices pourraient apprendre les rudiments de la grimpe dans
un milieu contrôlé et ainsi réduire le nombre des accidents. Les grimpeurs
confirmés pourraient affiner leur technique et garder la forme pour des jours
meilleurs.
Ce que je pouvais être idiot!
La salle, dans la toundra… c’est peut-être un
incontournable…
Alors il faut m’expliquer pourquoi, après toutes
ces années, on voit si peu de grimpeurs confirmés au pied des murs d’aggloméré.
Pourquoi est-ce que les salles se remplissent de
gens qui vont faire cette grimpe colorée quelques semaines, quelques mois,
quelques années… sans jamais mettre les pieds dans le sentier qui les mène à la
falaise?
Pourquoi est-ce que certains de ces mêmes
grimpeurs se dirigent-ils vers la compétition d’escalade? Une compétition à
cent lieues de l’aspect découverte visé à nos origines. Mais
rassurez-vous : les compétiteurs ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan
grimpistique, souvent des jeunes qui ont un plaisir fou à passer leurs journées
dans une salle mal éclairée et remplie de poussière pour une gloire toute éphémère.
Tellement hermétique qu’elle ne se retrouve
jamais dans les pages des quotidiens, tellement éphémère que personne ne
se souvient, le jour suivant, du nom des gagnants et de la difficulté des
voies. Mais ils ont du plaisir et je ne juge pas.
Ça me tourne dans la tête depuis quelque temps…
Le Bizarre, mon fils, s’entraine en canoë de
vitesse olympique. Oui, dans le salon, il y a un canoë Plastex de 17 pieds de
long et mince comme une aiguille. Toute une décoration!
Mon fils n’a rien à voir avec le monsieur et la
madame qui prennent un canot de 17 pieds et vont se promener en amoureux sur la
St-Charles. Pas plus qu’il n’a à voir avec le jeune qui descend des rapides en
canot Esquif.
Donc, ici, il y a une Fédération du Canot et du
Kayak et une Fédération du Canoë/Kayak de vitesse. Quelqu’un s’est aperçu qu’il
y a une grande différence entre le canoë olympique de vitesse et descendre le
Saguenay avec un canot de 24 pieds plein de peaux de castors! Voici l’une des
rares victoires de notre culture du grand nord…
Tout ça
m’a fait réfléchir … beaucoup…
Avant Noël, comme tout le monde, j’ai vu
apparaître la ’’Liste Alternative’’ des candidats pour les postes FFME.
La démocratie, ce n’est pas des élections
libres : même Saddam Hussein pouvait vous montrer des élections libres! La
démocratie, c’est une multitude de candidats amenant des solutions différentes
aux problèmes actuels qui se confrontent pour amener les électeurs à voter pour
une solution.
Donc je vois d’un bon œil une ’’Liste
Alternative’’. Encore plus, les objectifs me plaisent, m’interpellent. Je crois
que ces gens sont sur la bonne voie. Il faut vous souvenir que je ne peux voter
et que je me considère comme un observateur impartial.
Ce que j’aimerais lire… et là c’est mon petit
côté sceptique qui apparait… c’est comment ils vont s’y prendre pour réaliser
ces objectifs. J’aimerais voir un plan, un vrai plan, avec des dates et des
sous-objectifs et des solutions de repli et de la contingence. Je veux voir le
but mais je veux aussi connaître le chemin!
Je connais les politiciens…
Mais il y a plus. Et je le déclare ici.
Il est temps de couper le fil. Il est temps de
vivre nos vies et de séparer nos destinés. Comme le jour où quelqu’un s’est
aperçu que le trappeur qui revient dans son canot plein de fourrures n’a rien à
voir ni à faire avec le jeune athlète qui s’entraine dans un canot ridiculement
étroit en vue des Olympiques.
Et surtout, surtout… le trappeur n’a pas à payer
pour le jeune olympien en devenir!
Il est plus que temps que l’escalade en salle et
sa vision compétitive vole de ses propres ailes et se définisse un avenir et un
plan de croissance. Il est plus que temps qu’elle possède sa propre fédération!
Je suggère fortement aux gens de la liste
alternative de considérer cette hypothèse de travail. Oui, oui, il y a le
problème du CAF mais l’existence de deux organisations ne mine pas l’avenir de
l’escalade et de l’alpinisme. Par contre, une organisation FFME/CAF ayant comme
but ultime les compétitions et le support aux salles, c’est la fin de la Montagne
comme on la connait en France.
Je ne le veux pas! Je ne peux me l’imaginer!
S’il y a des propositions alternatives amenées
par une liste alternative de gens de bonne foi impliqués dans le milieu de la
Grimpe, il faut qu’ils soient conséquents et qu’ils disent où va aller
l’escalade, comment elle va s’y rendre et surtout comment ils vont convaincre
le Ministère qu’un enfant nous est né, un fils nous a été donné (air connu) …
et que nous voulons nous en débarrasser…
pour enfin endiguer cette hémorragie qui vide les falaises et menace
notre futur commun ’’au naturel’’.
La Fédération de l’Escalade en Salle
et de Compétition.
Les Résineux ne demandent que ça!
JPB