Elsass cup au Climbing Mulhouse Center

«C’est ce soir que l’on decouvrira les grands gagnants du circuit », c’est par cette phrase que débute la dernière étape de l’Elsass Cup.
Compte rendu : Estelle Rocher
Face à une situation professionnelle difficile, Bruce, ancien chaudronnier, a choisi de se réinventer en fondant le Climbing Mulhouse Center, une salle d’escalade née de sa reconversion.
Installé dans l’ancienne filature DMC, reconnaissable à ses emblématiques briques rouges, le bâtiment abrite désormais le Climbing Mulhouse Center — et c’est justement un fragment de cette brique symbolique qui constituera la coupe des grands gagnants du contest.
Le Climbing Mulhouse Center s’étend sur trois vastes hangars. Le premier accueille les visiteurs avec un espace conviviale où l’on peut manger et se détendre. Dans le second hangar, relié au premier, trône fièrement la plus haute salle de voies de France, culminant à 25m. Enfin, en traversant une cour intérieure, on découvre le troisième hangar entièrement dédié au bloc, équipé d’une Kilterboard et du mythique mur Titan.
Alexandre, le président du club : Au pied des murs, arrive avec deux enceintes et un micro sous le bras. Il sera le speaker de la dernière étape de l’Elsass Cup.
Alors que les dernières préparations battent leur plein, Bruce reste inflexible : aucun grimpeur ne doit rentrer dans la salle avant 13h. Les blocs de qualification doivent rester confidentiels jusqu’au coup d’envoi du contest.
Au CMC, l’esprit de solidarité règne entre les habitués de la salle. À l’occasion du contest, les parents des jeunes du club ont mis la main à la pâte en préparant des gâteaux, instaurant une ambiance conviviale et communautaire dont grimpeurs et spectateurs ont pleinement profité.
Dès 13h, les grimpeurs commencent à affluer. Les jeunes du club se retrouvent et lancent leurs échauffements sur le mur de bloc extérieur. Certains ont même fait le déplacement depuis Strasbourg pour participer à ce contest.
À 13h30, Alexandre donne le top : les portes de la salle s’ouvrent. Les murs ont été volontairement vidés, seuls les blocs de qualification y ont été ouverts, conférant à l’ensemble une esthétique épuré et élégante. Trente blocs en tout, classés par ordre de difficulté, avec cinq zones à franchir pour les plus difficiles. Les blocs de finale, quant à eux, se trouvent sur le mythique mur Titan — le mur officiel des Jeux Olympiques 2024, une exclusivité alsacienne. Recouverts de bâches, ils restent invisibles aux yeux des grimpeurs jusqu’au moment décisif. Les ouvreurs ont fait le pari de les préparer à l’avance, quitte à sacrifier une portion du mur pour les qualifications. Mais grâce à l’immensité du CMC, ce choix devient possible. “C’est chouette pour les grimpeurs de se dire qu’on fait les finales sur le mur Titan”, me confie Bruce avec un sourire.
Le bloc n°29, encore plus coriace que le 30, aura résisté à tous les grimpeurs. Aucun n’est parvenu à le toper — même la zone est restée hors d’atteinte. Un passage explosif, tout en coordination et en dynamisme.
L'ouverture des blocs de finale était vraiment bien équilibrée : une belle combinaison entre physique, technique et dalle. Malgré leur intensité, les blocs restaient abordables même après les qualifications, ce qui est toujours un pari délicat quand on ne sait pas exactement qui va participer ni dans quel état les grimpeurs arriveront.
L’ordre des blocs a aussi été super bien pensé: commencer par la dalle permettait une mise en route plus fine, suivie du bloc physique, puis finir en beauté avec le troisième bloc, très spectaculaire. Celui-ci offrait de gros mouvements, du no foot, des compressions, des mouvements en épaule... mais tout en restant lisible et aéré, donc super agréable à regarder.
Pierre et Maxime ont validé le premier bloc.
Mention spéciale pour le top de Pierre pile au moment du buzzer sur le deuxième bloc, ça a ajouté une vraie dose de tension au spectacle !
Et sur le troisième bloc, tout le monde s’est arrêté au même mouvement, sauf Maxime, qui a su se démarquer dès son premier essai.
Bref, une ouverture vraiment intéressante, avec des blocs esthétiques et un niveau parfaitement adapté pour les finalistes hommes.
Chez les femmes, l’écart de niveau était vraiment marqué entre la première et la dernière.
C’est un vrai défi pour les ouvreurs de trouver le bon équilibre. Bravo à Raphaël, Thomas et Kim.
À l’inverse, chez les hommes, le niveau était plus homogène, donc plus simple à calibrer pour proposer des blocs engageants sans exclure trop de monde. C’est là que c’est intéressant d’avoir plusieurs types de blocs, si une grimpeuse n’est pas à l’aise sur le physique, elle peut davantage s’exprimer sur une dalle ou un bloc plus technique. Ça donne une chance à chacun de s’exprimer selon son profil, et ça rend la compétition plus riche et équilibrée.
Encore un fois, bravo à nos ouvreurs Raphaël, Thomas et Kim.
Les ouvreurs Raphaël, Kim et Louis (de gauche à droite, au dessus) et Mathieu, Louis et Arno qui ont fait le déplacement de Strasbourg pour venir aider à caler les bloc de finale.
Pour la toute première fois, Kim a endossé le rôle de cheffe ouvreuse sur un contest officiel.
Une prise de responsabilité qu’elle a brillamment relevée lors de cette dernière étape de l’Elsass Cup.
Retour avec elle sur les coulisses de cette grande première :
Comment s’est passé l’ouverture?
Le jeudi, première journée d’ouverture, nous nous sommes concentrés exclusivement sur les blocs de finale, avec l’objectif de tous les finaliser avant la fin de la journée. C’était indispensable, puisque nous n’étions que deux — mais nous avons réussi à en ouvrir six.
Le vendredi et le samedi ont ensuite été consacrés aux blocs de qualification. Pendant ces deux jours, nous avons réparti les ouvertures sur les différents pans du mur, de manière à éviter la précipitation et terminer les journées à une heure raisonnable.
Nous avons choisi de n’ouvrir les blocs de finale que sur le mur Titan, afin d’éviter un démontage et un remontage fastidieux. C’est frustrant pour les grimpeurs, et comme on dispose de suffisamment d’espace au CMC, autant en profiter.
Quel bloc t’as fait le plus kiffer à ouvrir?
Le bloc orange en coordination dans la dalle m’a vraiment éclatée — j’adore ce style qui demande à la fois précision des appuis et fluidité des mouvements.
En ce qui concerne les consignes données aux autres ouvreurs, j’avais à cœur qu’on crée des blocs de qualification dans l’esprit de ceux de la finale. L’idée, c’était d’éviter un écart trop marqué entre les styles: si un grimpeur performant dans le serrage pur se retrouve face à trois blocs de coordination en finale sans y avoir été préparé, il risque de se faire complètement éteindre... et on se retrouve avec une finale figée, sans spectacle.
La commande, c’était donc aussi de baliser le terrain, de départager les grimpeurs dès les qualifs tout en les préparant à ce qu’ils allaient affronter sur le mur Titan. D’autant plus qu’on avait trois styles très différents parmi les ouvreurs, ce qui nous a permis de bien se compléter. Moi, vu que j’ai un vrai kiff pour les blocs en coordination et précision des pieds, je me suis naturellement tournée vers la dalle.
Tout à l’heure tu as parlé d’un travail en amont, avant l’ouverture, de quoi parlais tu ?
C’était surtout une ligne directrice ligne pour éviter de s’éparpiller. Le matin, sans plan clair, c’est facile de se lancer à l’inspiration... mais ça peut vite mener à de mauvaises surprises. Elle me montre alors son plan d’ouverture. On a travaillé par secteurs. Le vendredi, je savais que j’avais cinq blocs à ouvrir ; Thomas en avait quatre, parce que ses blocs étaient plus exigeants — Elle m’indique un pan du doigt sur le schéma — et Raph était chargé de ce secteur là. On se chronométrait : début à 9h, et on visait un passage au calage collectif vers 14h ou 15h. Ça permettait un vrai rythme, sans se retrouver à devoir tout réajuster parce qu’on aurait posé trop de blocs dans la même cotation. Là, on savait à l’avance quels niveaux on ouvrait, on échangeait sur les styles, et ça roulait.
Donc tous s’est bien passé ?
Dans l’ensemble, ça s’est plutôt bien passé — même si, forcément, il y a toujours ces petits creux d’inspiration. On a essayé d’ouvrir des mouvements qu’on retrouve en compétition, adaptés à des niveaux intermédiaires, pour que tout le monde puisse vraiment grimper et se faire plaisir. À l’exception des trois derniers blocs, pensés spécifiquement pour départager les deux ou trois grimpeurs de haut niveau qu’on savait présents. L’idée, c’était de proposer des blocs exigeants pour eux, tout en permettant aux grimpeurs intermédiaires de se challenger avec des mouvements intéressants et dynamiques.
En quel honneur as-tu obtenus le titre de chef ouvreuse du contest ?
J’ai décidé de prendre le lead, et franchement, je suis super contente car c’était une première pour moi ! La salle n’a pas encore beaucoup d’expérience en matière de contests, et même si les gars ont un bon niveau en ouverture, ils n’avaient jamais ouvert pour une compète. Du coup, j’ai préféré leur proposer de prendre le lead de l’organisation. Ça me permettait d’avoir une légitimité pour trancher quand il y aurait des blocages, tout en fluidifiant la préparation.
Faire un plan d’ouverture sans jamais en avoir conçu, c’est un peu intimidant: on ne sait pas trop par où commencer. Alors, c’était aussi une manière de leur faire gagner du temps et de l’énergie... et de tester mes propres capacités *rire*. C’est un vrai défi, mais super stimulant !
Pour les blocs de finale, on est partis sur un bloc physique, un bloc en dalle et un bloc un peu plus coordo. On a choisi un système de zones à points, comme à Blockhaus, plutôt qu’une seule zone : ça permet de mieux départager les grimpeurs, et ça apporte une dynamique plus fun.
Et pour finir, voici les heureux gagnants du contest :
Ainsi que les gagnants de l’Elsass Cup, chez les femmes, Angélique en première place suivis de Elise et en troisième position Stéphanie.
Chez les hommes, c’est Pierre qui remporte l’Elsass Cup, Maxime en deuxième position et Nicolas en troisième.
Clap de fin sur l’Elsass Cup, et quel final ! Félicitations à tous les participants pour l’énergie, les tops (et les frayeurs), et surtout... mention spéciale à notre power couple strasbourgeois Angélique et Pierre !
Un immense MERCI à toutes celles et ceux qui ont rendu cette aventure possible !
Merci à Ad du CMC, toujours au taquet à l'accueil des grimpeurs, à servir à boire, à manger.
Merci à Bruce pour son accueil dans sa salle, à Alexandre pour avoir mis l’ambiance au micro.
Un grand bravo à tous ceux qui ont participé à l’organisation du contest, et aux ouvreurs : Raphaël, Thomas et Kim.
Mais surtout, MERCI à ceux qui ont permis de donner naissance à l’Elsass Cup. Un grand coup de chapeau à Yann et Yannick, catalyseurs de la grimpe alsacienne, qui ont su rassembler passionnément la communauté. Qui ont permis, à travers l’Elsass Cup de fédérer la communauté alsacienne de l’escalade.
Et bien sûr, un énorme merci aux salles partenaires qui ont accueilli les étapes avec énergie et générosité : Bloc Session Illkirch-Graffenstaden, Bloc Session Haguenau, Bloc en Stock, Instant Grimpe, Climb Up et Climbing Mulhouse Center.
On espère que l’an prochain, l’aventure ira encore plus loin, avec encore plus de grimpeurs, plus de passion, et toujours cette même énergie qui fait vibrer les murs!