Valentin Peck franchit un seuil

Nombreux furent les assaillants cette année à s'essayer à la métalepse.

Mais l'atteindre, que dis-je, la vivre, n'est pas chose aisée. Les prétendants sont divers, tout comme les approches. Certains s'y essayeront en plein cœur de l'été pour rajouter une difficulté, d'autres établiront un siège en bonne et due forme à raison de 2 séances par semaine. Il se raconte que des RTT sont posés du jour au lendemain pour augmenter les chances de réussite et trouver une fenêtre météo clémente, mais les conditions sont intraitables et se rajoutent à la somme d'excuses qui se murmurent au pied de la voie, la plus improbable étant : "j'ai fais une raclette hier et forcément on a bien picolé et pas trop dormi." 

Mais les prétendants sont inarrêtables et les assauts vont bon train, comme les messages : "dispo lundi ?", "on y était vendredi, condis pas ouf", "nous ce sera mercredi, ou jeudi !", "Ok, sois fort !". 

Certains jours des tickets sont distribués pour organiser la bataille mais ne métalepse pas qui veut. La voie résiste, les zipettes (de mains essentiellement) se multiplient, et la pince verticale main gauche du départ devient vite l'étalon qui permet de savoir comment se passera la séance. L'humidité gagne du terrain, tandis que l'humilité s'ancre dans le cœur des grimpeurs. En cet fin octobre pourtant, certains sont en bonne voie, mais rares sont ceux qui parviennent à tenir le galet-patate-graal qui signe la fin des difficultés. La fin des difficultés, peut-être, mais pas la fin du combat, loin de là. Les assaillants tombent, inlassablement, les uns après les autres, souvent avant "l'œil" salvateur, parfois… je préfère effacer ce souvenir, d'ailleurs est-ce bien arrivé ? 

Valentin fait partie des fidèles, toujours au rendez-vous. Il a rejoint l'équipe tardivement cette année, peut-être de peur de se confronter à nouveau à Métalepse, ou peut être est-ce stratégique ? Peut-être a-t-il attendu patiemment son moment, profitant du début de saison pour cocher quelques-unes des voies de gauche du mur, se construisant ainsi l'endurance nécessaire au combat à venir ? 

Personne ne saurait le dire, mais c'est bien lui qui se retrouve au pied de la voie ce 18 octobre et après plusieurs essais, finit par tenir la patate-graal ! Cette fois-ci, il la tient, rien ne le ferait lâcher, l'exécution était parfaite jusque là et elle le restera jusqu'au relai, pour enfin devenir le héros de sa propre histoire. Après lui, le déluge. Littéralement. 

Pourtant certains espèrent encore et ne s'avouent pas vaincu. 

Au diable l'honneur, nous irons en découdre, couteau entre les dents si il le faut pour te rejoindre ! 

Félicitations !

AF