Journée épique à Gueberschwihr
Première visite sur les blocs de Gueb pour Stan, Sylvain et Benoît
Par une de ces journées d’hiver où le ciel alsacien hésite entre pluie et brouillard, une petite équipe de locaux se mit en tête d’aller jouer à Gueb. L’idée était simple, presque naïve : profiter de la météo « à peu près grimpable » pour faire un peu de bloc en s’épargnant l’onglée qu’impose la diff.
Dans la première voiture on retrouve donc Sylvain, Benoît et Lucas rapidement englués dans un trafic sans fin suite à un accident. Résultat : 2 h 30 pour atteindre le secteur, déjà assez pour remettre en question l’idée même de grimper dehors.
Hector et Stan eux eurent plus de chance. Partis quelques minutes plus tôt, ils évitèrent une bonne partie des bouchons provoqués par l’accident et se retrouvèrent au pied du rocher avec près de 45 minutes d’avance. Sauf qu’une fois sur place l’ambiance n’était pas vraiment à la fête : brume bien installée, humidité partout… La motivation était au plus bas.
Malgré ça, le plan reste le plan : essayer Hyôga. Bloc emblématique et premier 8A+ de la région, il se présente comme une proue à remonter en gardant une petite réglette main gauche, l’ensemble franchement engagé. Il fallait donc poser une corde pour nettoyer un peu, repérer le haut et vérifier la réception.
Sur le papier rien de compliqué. En pratique la mise en place de la corde se transforma déjà en expédition amazonienne. Hector et Stan, armés d’une pizza en guise de machette se mirent à tracer tant bien que mal un chemin à travers les ronces. Après une bonne demi-heure de bataille ils finirent par émerger au sommet, griffés mais victorieux. C’est justement à ce moment que le reste de l’équipe arriva au pied du bloc et constata, amusé que malgré leur avance Hector et Stan n’avaient même pas effleuré le rocher.
La corde enfin en place, on commença à disposer les crashpads… et un nouveau problème apparut aussitôt. Le fameux assemblage de troncs censé rendre les chutes un peu moins hautes avait clairement vécu. Il était dans un état lamentable et pour ne rien arranger une partie des branches avait reculé de plusieurs mètres.
Entre coupe, déplacement, calage de troncs et réorganisation des pads, l’équipe se transforma en brigade de travaux publics. Quand tout fut enfin à peu près en ordre cela faisait presque deux heures et demie qu’ils étaient sur place sans avoir posé le moindre doigt sur une prise. Les mines se faisaient un peu plus longues et certains commençaient à se dire que la journée risquait de finir en simple session jardinage.
Stan, Sylvain et Hector se lancèrent quand même dans Hyôga. Version debout pour Stan et Sylvain (7C+), assise pour Hector (8A+). Ils calèrent rapidement les mouvements chacun ajustant ses méthodes et furent agréablement surpris : malgré cette atmosphère détrempée, les conditions étaient étonnamment acceptables.
Une fois le haut maîtrisé et les crashpads bien en place, l’heure des vrais runs sonna.
Sylvain fidèle à sa réputation ne traîna pas. Dès son premier essai il déroula les relances avec une certaine aisance et se permit même de modifier la méthode de fin trouvant une option plus propre que le fameux (douteux) ramener en no-foot que tout le monde redoutait. Quelques mouvements plus tard il se retrouvait en haut.
Stan de son côté dut s’employer un peu plus. Mais au troisième essai tout se mit en place et il exécuta l’ensemble du bloc. Lui aussi trouva une méthode alternative pour esquiver le ramener de mains si aléatoire et finit par rejoindre Sylvain au sommet, soulagé.
Hector lui s’était engagé dans la version assise. Le départ qui entame, la rési à avoir… l’ensemble était très exigeant… Deux fois il tomba sur les derniers mouvements. L’enchaînement n’était pas loin mais ce ne serait pas pour cette fois.
Pendant ce temps du côté de Benoît et Lucas la dynamique était lancée sur un tout autre registre. Fidèles à leur réputation ils jetèrent leur dévolu sur deux blocs bien physiques en plein dévers avec des prises particulières et du gainage du début à la fin : Demande à la poussière (7C+) et Lévitation (7C+).
Leur approche fut la même : monter dedans pour comprendre, caler les méthodes, ajuster deux ou trois placements puis tenter d’avoir un vrai run… qui se soldait immanquablement par une chute au dernier mouvement. Encore et encore. Jusqu’au moment où Benoît réussit enfin à tout faire tenir. Il valida Demande à la poussière sous les regards de l’équipe, tandis que Lucas engoncé dans sa doudoune qu’il refusait de quitter butait encore à quelques centimètres du top, pris entre le dernier move qui se dérobait et sa veste qui le bridait.
Au final entre brume, ronces, radeau à reconstruire, l’engagement dans Hyôga et les combats physiques dans les autres lignes la journée n’eut pas grand-chose d’une session tranquille. Mais à Gueb on le sait bien : si tu touches un peu de caillou et que tu forces un brin, c’est déjà une belle session…
ST
Vidéo : Benoit dans Demande à la poussière 7C+
Vidéo : Sylvain dans Hyôga debout 7C+
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Je trouve très chouette de pouvoir lire des comptes rendus tels que celui-ci. Grimpeurs à vos plumes et régalez nous :)
Et je rejoins @aalllleezz, c'est un vrai plaisir de lire ce type de récit, on en redemande !!!
Merci à vous.
Je me disais bien que c'était louche... Bon, au moins j'avais le canap pour moi tout seul!
Toujours un régal ce genre de texte à se mettre sous la dent