Premier 7c pour Maelle Dussausay !

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Maelle dans son premier 7c !

Devenir plus forte dans la difficulté

Propos recueillis par Estelle Rocher

 

À 19 ans, Maelle signe son premier 7c sur la falaise du Krappenfels, son terrain de jeu, « sa deuxième maison » comme elle l’aime l’appeler. Exigeante, persévérante, elle s’investit pleinement dans chaque projet. Étudiante en STAPS et compétitrice à Roc en Stock, elle grimpe avec passion et détermination.

 

Pourquoi as-tu choisi « Heaume Sweet Heaume » comme projet ? Qu’est ce qui t’as attiré dans cette voie ?
C’est une voie nettement plus longue que ce qu’on trouve habituellement en Alsace, et c’est justement ce qui m’a attiré en premier.
Après avoir enchaîné Le Champ du Cygne (7b), l’an dernier dans le même secteur que Heaume Sweet Heaume, j’ai eu envie de ma lancer dans un projet plus ambitieux.
Plusieurs grimpeurs me l’avaient recommandé pour sa belle grimpe, et comme le 7b m’avait demandé peu de temps, je voulais m’y attaquer.

 

Comment as-tu abordé la lecture de la voie ? Quel a été le passage clé ou le crux pour toi, et comment l’as-tu travaillé ?

La diagonale de cette voie offre une grimpe super agréable, avec des mouv’ qu’on ne croise pas souvent. En plus, c’est un mur assez rési’ et un style d’effort qui me correspond bien.
La voie démarre par une section très physique. Juste avant le crux, il faut réussir à trouver
quelques micro-repos, sinon on arrive trop entamé dans le crux. Et même une fois le crux
passé, la sortie demande de rester lucide malgré la fatigue accumulée.
Donc j’ai découpé la voie par petite section pour la lire correctement et en recherchant principalement la fluidité plutôt que de me focaliser uniquement sur le crux.

 

As-tu dû adapter ta grimpe à ta morphologie sur certains pas ?
Pour le crux, j’ai essayé plusieurs méthodes afin de trouver celle qui me correspondait le mieux. Chaque détail comptait, le moindre placement de main ou de pied pouvait faire
toute la différence, ce qui exigeait une grande précision. J’ai aussi pris le temps de bien repérer les positions de repos en début de voie, pas si évidentes à trouver, mais indispensables pour bien gérer mon effort et conserver assez d’énergie pour la suite.
Dans le crux, ma taille ne me permettait pas d’atteindre directement la réglette. J’ai donc dû adopter une méthode plus technique : tendre le bras au maximum, m’appuyer précisément sur les pieds, bloquer fort, puis croiser les mains sur cette fameuse réglette.
Je n’ai pas l’explosivité de certains grimpeurs, alors il fallait compenser par la précision et
le placement.

 

Tu te considère comme grimpeuse de voie ou plutôt de bloc ?
Je me considère plutôt comme une grimpeuse de voie. Le bloc, je le pratique surtout comme complément : il me permet de travailler des mouvements plus physiques, de gagner en force, en explosivité et en dynamisme. Tout ça, c’est pour devenir plus forte dans la difficulté.

 

Combien de séance il t’a fallu pour enchaîner la voie ?
Je n’ai pas compté mes essaies, mais j’avais déjà tenté la voie l’année dernière sur trois séances environ, sans réussir à l’enchaîner. A l’époque, je travaillais surtout les mouvements du début et le crux, sans jamais aller jusqu’au bout. Comme la voie est en diagonale, c’était agaçant d’aller chercher les pairs, alors je ne faisais jamais la fin. Cette année, j’ai dû mettre trois runs dans la voie.
Puis j’y suis retourné début août pour me remettre les méthodes en tête, et j’ai réussit à l’enchaîner dès le premier essai de ma quatrième séance. Au total, ça fait sept séances répartis sur deux périodes, mais avec une vraie progression entre l’année dernière et cette année. Je sentais que je tenais mieux les blocages, et j’avais clairement gagné en force à doigts.

 

Tu t’entraîne avec l’équipe de Roc en Stock ?
Oui, là c’est les vacances donc il n’y a pas d’entraînement supervisé, alors je grimpe plutôt pour le plaisir. Si l’envie me prend de faire un peu de poutre chez moi, ça peut arriver mais sinon je n’ai pas d’entraînement spécifique.

 

As-tu eu des moments de doute pendant le processus ? Comment les as-tu
surmontés ?
Oui, un peu. Je réussissais à faire les mouv’ individuellement, mais enchaîner toute la voie
restait compliqué. Et avec cette chaleur c’était encore plus difficile : certains mouv’ passent bien par temps frais, mais deviennent presque impossible quand il fait trop chaud, ce qui peut être assez décourageant. Je pensais aussi manquer de rési’ pour tenir jusqu’au bout. Finalement, je ne me suis pas mis la pression. Je me suis dit que si ça ne passait pas, ce n’était pas grave, et que je pourrais toujours bosser la rési’ chez moi.

 

Y a-t-il un proche ou un groupe qui t’a particulièrement soutenue dans ce projet ?
Oui, mon père m’a énormément soutenue. Il a pris le temps de m’assurer ce qui m’a permise de me lancer à fond dans le projet. J’ai eu la chance aussi de travailler la voie avec Hippolyte (membre de l’équipe compétition de Roc en Stock) qui m’a vraiment motivée. Ça rend l’expérience plus sympa de bosser un projet avec un pote. Donc vraiment grâce à leur présence et leur soutient que j’ai pu concrétiser ce projet.

 

« Heaume sweet Heaume » est un jeu de mots sur « Home Sweet Home » et c’est
aussi une musique, est ce que cette voie a une signification particulière pour toi ?
Oui, cette voie a une signification particulière pour moi. C’est au Krappenfels que j’ai commencé à grimper dans le septième degré, donc réussir ma première 7c ici, c’était un vrai objectif personnel. Et le nom de la voie « Heaume Sweet Heaume », me fait sourire, il y a quelque chose de symbolique là-dedans. Le Krapp, c’est un peu comme chez moi.
C’est la que j’ai franchi des étapes importantes dans ma progression, que j’ai grandis en tant que grimpeuse.

 

Maintenant que tu as validé ton premier 7c, quel est ton prochain objectif  ?
Mon prochain objectif, c’est d’aller chercher le 8a. Comme j’ai beaucoup grimpé au Krapp, j’aimerai que ça soit sur cette falaise, elle a une vraie valeur sentimentale pour moi. Mais je reste ouverte à d’autre spot, bien sûr. En attendant, j’ai surtout envie de m’amuser sur les voies du Krapp que je n’ai pas encore essayées, comme L’Arbitraire du Singe (7c+), qui me fait bien envie.

 

Un petit mot pour la fin ?
J’aimerai adresser un petit mot aux filles et qui grimpent en falaise. Faut pas avoir peur de
se lancer dans des projets qui semblent trop durs ou irréalisables. Avec la persévérance et du travail, on peut aller bien plus loin qu’on le pense. Il ne faut pas se limiter, chaque essai, chaque chute, chaque progrès compte.

⏩⏩ La vidéo live de l'enchainement de Maelle.